La plaque motocycliste, du signe à l’insigne de technicité.
La surveillance et le contrôle des axes de communication est une des missions les plus ancienne qui incombe à la gendarmerie nationale. Ce principe est déjà énoncé dans la loi de germinal an VI, « la gendarmerie est particulièrement destinée à la sureté des campagnes et des grandes routes. »
Au cours du XXème siècle, la circulation automobile va donner une nouvelle ampleur au service de surveillance des routes. D’une mission d’observation, celle-ci va vite se transformer en service de régulation et de contrôle. Un nouveau vocable va apparaître : le service de police sur la route. Il s’agit en effet bien plus de réguler, de prévenir les infractions et de les sanctionner, que de procéder à une simple patrouille. Dans les années 60, les unités de gendarmerie sont aussi chargées du secours routier à l’aide de véhicules équipés d’une civière.
La police sur la route est exercée principalement par des gendarmes motocyclistes. En effet, la moto se révèle être un outil efficace et dissuasif de part sa maniabilité sa vitesse et son faible encombrement sur la chaussée. Il a rapidement fallu adapter la tenue du gendarme aux nouvelles capacités des engins et aux besoins de la mission.
Le gendarme doit clairement être identifié de l’usager et ses observations et ordres doivent être perçus et compris. Ainsi les motocyclistes sont équipés de casque, ceinturon, baudrier, gants à crispins blanc et d’une plaque spéciale (en fait elle possède les caractéristiques d’un insigne). Cette plaque supporte l’insigne de tradition, elle est fixée sur le baudrier à hauteur de la poitrine.
Elle est souvent le seul signe précis d’uniforme que perçoit l’automobiliste quand le gendarme se porte à sa hauteur au niveau de la vitre latérale. C’est pourquoi cette plaque rassemble des symboles simples identifiant clairement la qualité et la fonction de gendarme: fond bleu avec une roue crantée sur le tour, insigne de la gendarmerie avec l’écu de la province d’affectation (insigne de corps) et inscription « gendarmerie » en capitales.
Cette pièce fut fabriquée par les établissements Drago et Arthus-Bertrand pour les premières séries. Les gendarmes motocyclistes étaient très attachés à cette plaque spéciale car elle était remise par les instructeurs à la fin du stage de formation.
Véritable outil d’identification, la plaque spéciale a aussi été choisie par la gendarmerie maritime pour être portée par les gendarmes maritimes sur le baudrier. En effet ces derniers étant en uniforme de la marine nationale, ce signe distinctif permettait de ne faire aucun doute sur la qualité et la fonction des « flicmar ».
En 1995, la gendarmerie fait le choix d‘une nouvelle tenue de service pour les motards. L’évolution des tissus et des techniques de fabrication permet la création d’effets plus protecteurs. Corrélativement des anciens effets sont supprimés, c’est le cas du baudrier et de la plaque motocycliste en métal qui peut se révéler dangereuse lors de chocs ou de chutes.
Cependant très vite lors de l’expérimentation des tenues, les personnels font part du souhait de retrouver l’insigne de motocycliste qui au fil du temps est devenu plus un signe distinctif de technicité qu’un signe destiné aux usagers de la route.
La direction générale de la gendarmerie entreprend alors une réflexion qui aboutit à la création d’un écusson en plastique thermo-soudé qui sera porté sur le haut du bras droit. Le choix de ce matériau répond à un cahier des charges qui doit permettre à l’écusson de résister aux expositions aux éléments naturels (pluie, soleil, poussières, etc) lors des déplacements en moto.
Dès le printemps 1996, trois dossiers sont présentés au SHAT (ce service gère encore jusqu’en novembre 1996 la symbolique de la gendarmerie). Aucune observation n’est formulée et le 5 mars 1996 trois écussons sont homologués.
L’écusson porté par les motocyclistes de la gendarmerie départementale l’est sous le n° G 4345 et celui des personnels de la gendarmerie mobile sous le N° G 4346 (il n’y a plus aujourd’hui de motard en gendarmerie mobile).
Le dernier écusson est homologué au profit du seul escadron motocycliste de la Garde républicaine. En fait les gendarmes de cette formation, dont la mission principale est l’escorte et la protection des déplacements du président de la République et de ses invités, portent depuis 1985 une plaque en métal, identique à la plaque des autres formations mais avec l’insigne de corps de la Garde républicaine et l’ajout des termes « escorte présidentielle ».
La DGGN n’ayant jamais demandé l’homologation de cette pièce, c’est lors de l’homologation des nouveaux écussons qu’un modèle spécifique à l’escadron moto fut autorisé. Depuis cet écusson est devenu une véritable carte de visite pour l’unité et figure même sur le carénage des motos livrées à l’unités depuis les Yamaha FJR.
RF 3/2014