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5 avril 2008 6 05 /04 /avril /2008 08:18

Un lien entre maréchaussée et gendarmerie

L’aiguillette

 

Force militaire de sécurité intérieure, la gendarmerie nationale vient en filiation directe de la maréchaussée de l’ancien régime. Actuellement, et comme depuis des siècles, ses personnels oeuvrent chaque jours en uniforme sur toute l’étendue du territoire. La tenue que nous sommes habitués à voir est un uniforme opérationnel dénommée tenue de service courant et celle-ci ne porte qu’une petite partie des attributs de tradition de l’uniforme de cérémonie des gendarmes. En effet sur la tenue portée à l’occasion des grandes manifestations civiles ou militaires figure un attributs essentiels hérité de l’ancien régime : l’aiguillette blanche.

 

Simple attribut vestimentaire devenue marque distinctive des troupes d’élites, l’aiguillette occupe une place particulière dans le patrimoine vestimentaire des armées. Au moyen-âge, il s’agissait d’un lacet ou d’une cordelière ferrée qui fermait l’armure des hommes d’armes. Par la suite ce nom fut attribué au lien qui joignait les bords de l’écharpe arborée par les officiers. Cette pièce utilitaire va progressivement devenir une marque distinctive des troupes montées, puis des unités d’élite. Au XVIIè siècle les régiments de cavalerie possèdent des aiguillettes de couleurs différentes.

 

Une des légendes qui entoure la naissance de ce symbole évoque le geste de bravade d’une troupe flamande placée sous les ordres du duc d’Albe aux pays bas au XVIè siècle. Cette unité se vit menacée de pendaison si elle ne cessait pas ses exactions. Par défis, les flamands accrochèrent une corde et un clous sur leur bras afin de rendre plus commode l’exécution de la sentence. Par la suite la conduite au feu de ces braves fut si fameuse que le duc accorda le port de ce signe comme attribut distinctif.

 

Concernant la maréchaussée, une ordonnance du 16 mars 1720 fixe de façon précise l’uniforme de ces formations et elles porteront une aiguillette de soie blanche sur l’épaule gauche. Cette marque honorifique distingue les troupes rattachées à la prestigieuse Maison du Roi. Dès 1756, elle est supprimée mais elle va de nouveau réapparaître par l’ordonnance du 28 avril 1778. L’aiguillette, en tant que signe de l’ancien régime, va de nouveau être supprimée lorsque après la révolution la maréchaussée sera dissoute . Celle-ci va en fait donner naissance à la gendarmerie nationale par la loi du 16 février 1791. Il est toutefois établi que de nombreux personnels continueront à arborer ce signe comme le montre de nombreuses miniatures de l’époque visibles au musée de la gendarmerie à Melun. Dès le mois de mars 1797 elle sera définitivement rétablie mais aux trois couleurs nationales. De plus en plus l’aiguillette devient un ornement très élaborée et se monte en trèfle. Cette expression signifie que la partie qui s’accroche à l’épaule forme une natte en forme de trèfle. Ce terme désigne aujourd’hui un effet distinct des aiguillette mais qui compose le lot des accessoires de cérémonie avec celles-ci et le ceinturon.

 

Les différents régimes politiques qui vont se succéder provoqueront des changements d’attributs sur les uniformes, mais l’aiguillette restera un signe distinctif pour la gendarmerie. Elle sera un temps blanche sous l’Empire avec des différences de port : à gauche en général et à droite pour les officiers de la gendarmerie d’élite. Sous le second Empire elle sera portée à gauche sauf pour les gendarmes de la Garde impériale qui se distinguent par un port à droite. La garde municipale de Paris, rattachée à la gendarmerie en 1838 porte aussi des aiguillettes mais celle-ci sont de couleur or.


En 1871 (règlement du 7 décembre), cet attribut reste sur la gauche de la poitrine, il est panaché bleu et blanc pour certains grades et appellations (gendarme, brigadier, sous-officier) et écarlate et blanc pour les tambours et trompettes. Le XXè siècle voit la forme et le positionnement de l’aiguillette se figer. Elle sera dès lors composée de deux nattes et de deux brins, attachés au trèfle sur l’épaule droite. Ils sont fixés sur les quatre premiers boutons de la poitrine comme le prévoit les règlements depuis l’adoption de la tunique à 9 boutons à la fin du XIXè siècle.

 

Actuellement, l’ensemble des formations de la gendarmerie nationale porte une paire de trèfles et des aiguillettes accroché sur le gauche. Elles sont blanche avec des ferrets et des coulants aux couleurs de la subdivision d’arme : or pour la gendarmerie mobile et les écoles et argent pour la gendarmerie départementale et les formations assimilées (gendarmerie de l’air, de l’armement, etc…). Le coulant est marqué de la grenade distinctive de la gendarmerie. Les brins sont passés autour du bras et les nattes attachés sur le revers gauche du col de la veste. La garde républicaine, à l’heure actuelle seule formation à arborer la tunique, porte encore les aiguillettes à gauche attachées aux quatre boutons de la poitrine. Elles sont panachée un tiers écarlate et deux tiers or pour les sous-officiers et entièrement or pour les officiers.

 

Sous l’ancien régime, signe distinctif des formations attachées au service des plus hautes autorités, l’aiguillette reste aujourd’hui un attribut honorifique qui met en valeur les militaires qui les arborent sur la poitrine. Placée à la droite des armées et défilant en tête des troupes, la gendarmerie nationale ne peut que s’enorgueillir de ce privilège transmis par son illustre devancière.

 

Richard Filmotte - img col musée de la Gie

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