La gendarmerie nationale n'a pas toujours dominée sa symbolique militaire. En effet, en l'absence de service historique au sein de l'institution, celle-ci était traitée par le service historique de l'armée de terre. C'est pour cette raison que de nombreuses pièces sont homologuées avec au revers la lettre G pour ministère de la Guerre (numérotation du SHAT).
La gendarmerie nationale s'est dôtée d'un service historique en 1995 et le transfert effectif des missions relatives à la symbolique est intervenu en 1996.
Dès 1998, le SHGN a entrepris une réflexion sur l'affichage des qualifications des sous-officiers pour faire suite à une saisine du directeur général de l'époque, Mr PREVOST, à propos d'un insigne OPJ. Il fut rapidement décidé de créer des insignes pour tous les sous-officiers du cadre général et spécialistes, ainsi que pour les militaires du nouveaux CSTAGN.
Quatre idées forces ont prévalu pour l'étude des pièces :
– ne retenir que des éléments symboliques forts, propres à l'héritage et au patrimoine de la gendarmerie en excluant toutes les mentions littérales susceptibles d'évoluer (diplôme, brevet, Gie mobile,etc) ou des signes déjà trop souvent utilisés (heaume, balance,etc);
– Proposer des projets marquant la spécificités des deux subdivisions d'arme tout en conservant une certaine unité dans la symbolique;
– Créer une pièce générale permettant l'identification immédiate d'un insigne de la gendarmerie en utilisant de façon récurente un graphisme propre à l'institution (ovale, sautoir et grenade centrale);
– Adopter une gradation facilement identifiable par le public et les militaires exterieurs à la gendarmerie (bronze, argent et or);
Avers du plateau des différents insignes des sous officiers de gendarmerie :
Descriptif du plateau
Le plateau commun aux différents insignes se compose d'une couronne civique sur laquelle se pose un sautoir de glaive et de masse d'arme. Au centre broche une grenade empanachée dont la bombe supporte un symbole rappelant l'appartenance à l'une ou l'autre subdivision d'arme.
Symbolique du plateau
La Gendarmerie Nationale, force militaire chargée du maintien de l'ordre et de l'exécution des lois remplit nombre de missions civiles. Cette dualité et ce cadre d'action particulier sont rappelés dans le plateau des insignes par la représentation de la couronne civique et des attributs militaires :
‑ la couronne civique évoquée par les rameaux de chêne et d'olivier, elle rappelle la valeur civique, le rameau de chêne symbolisant la puissance et l'invincibilité, le rameau d'olivier renvoyant quant à lui à l'immortalité[1].
les attributs militaires
le glaive et la masse d'arme : placés en sautoir au centre de la couronne civique, ils positionnent les valeurs militaires :
‑ le glaive arme du sous‑officier et qui dans la tradition, détermine l'issue du combat est représenté pointe en bas, ce qui figure la fonction « instruction ». Il est une arme de décision, l'instrument de la vérité agissante. Il est encore, selon Paul Diel (1952) le symbole de la force lucide de l'Esprit qui ose trancher le vif du problème, l'aveuglement vaniteux et ses fausses valorisations contradictoires et ambivalentes. Il symbolise pour la Gendarmerie le fait qu'elle est la gardienne et l'organe exécutif des lois.
La masse d'arme associée au glaive évoque quant à elle la contrainte légale et légitime exercée au nom de l'État. Il convient en outre de noter que la masse d'armé était l'emblème de la Prévôté de l'Hôtel sous l'Ancien Régime[2] ;
symbolique de la masse d'arme : la masse d'arme est une masse, un bâton à tête d'or au d'argent que l'on portait autrefois dans certaines cérémonies A l'origine symbole de la force brutale et primitive (elle est en effet l'arme d’Héraklès, soit encore d'Hercule, dans la mythologie gréco‑romaine), elle a vu sa valeur symbolique se définir comme l’exercice de la contrainte légale au nom du pouvoir légitime, auquel tout doit céder. ²
la grenade : placée au centre du sautoir, elle est différente de celle à huit flammes actuellement utilisée dans la Gendarmerie. Il convenait en effet de choisir une grenade qui ne soit pas celle d'une autre armée et qui vienne en outre enrichir la composition des insignes par son esthétique. La grenade ainsi retenue est du type à 18 flammes, portée sur les attributs d'uniforme et tapis de selle de la Gendarmerie aux XIXème et début du XXème siècle.
Symbolique de la grenade dans la Gendarmerie :
La Gendarmerie a adopté, depuis près de deux siècles, la Grenade comme symbole de tradition et marque de prestige. Cet emblème distinctif se présentait à l'origine sous l'apparence d'une grosse bombe sphérique laissant échapper des flammèches. Avec le temps, la grenade s'est stylisée, le diamètre de la bombe s'amenuisant et le jet de flammes s'allongeant. La grenade s'est fixée, sous des formes extrêmement diverses, sur la tenue, les équipements, les boutons, le harnachement, les insignes et les timbres officiels de la Gendarmerie
DQSG / GD
Le nom de grenade est issu du latin granatum (Iitt. : « pomme avec de nombreux grains »), la grenade est connue depuis l'Antiquité Cet attribut à la signification pacifique à l'origine (il rappelait en effet la concordance entre les peuples et la fécondité) est passé dans le langage de la symbolique militaire après avoir donné son nom à un engin de guerre. Du Bellay cite en effet les grenades parmi les armes dont disposaient en 1536 les troupes de François Ier dans Arles assiégée par Charles Quint Ce projectile explosif avait en effet la même forme et les mêmes dimensions que le fruit du grenadier. La lumière par où passait la mèche rappelait l'ouverture arrondie de l'enveloppe épaisse de ce fruit Les lanceurs « à main » de ces projectiles furent appelés Grenadiers : choisis parmi les volontaires, ils devaient être robustes, courageux et habiles puisqu'ils devaient exercer leur spécialité, au risque de leur vie, détachés loin devant la troupe En 120 ans d'existence « organisée » sous l'Ancien Régime, les Grenadiers acquirent la réputation de troupe d'élite, bénéficiant de certains privilèges, dont la haute paye, l'exemption des corvées générales et occupation de places d'honneur à la parade comme au danger. C'est de cette façon que la grenade deviont un attribut valorisant
Pour les brevets et diplômes des gendarmeries départementale et mobile, il figure sur la bombe de la grenade un symbole rappelant l’appartenance à la subdivision d’arme. Ainsi un lion évoque la bravoure, la majesté et la combativité pour la gendarmerie mobile, et la tête de Méduse utilisée pour la gendarmerie départementale. Ce motif reprend la légende de Méduse, une des trois Gorgones, dont le regard pétrifiait celui qui le croisait et dont la tête fut placée sur le bouclier d'Athéna. Cet attribut figure aussi sur les ceinturons de cérémonie actuels des gendarmes.
diplôme d'arme
Les insignes des sous-officiers de gendarmerie relevant du cadre des spécialistes utilisent le même fond d'insigne et sont identifiés sur la bombe de la grenade grace à un symbole rappelant la spécialité.
Spécialité des télécommunication et moyens informatique et traitement automatisé de l'information.
Sur le corps de la bombe de la grenade est portée une étoile à cinq branches, associée à des éclairs qu'elle irradie. Cette symbolique particulière est retenue car :
DQSG (2è niveau)TAI
‑ l'étoile à cinq branches est traditionnellement le symbole de l'esprit tout comme elle figure également dans les attributs héraldiques des télégraphistes ;
‑ l'éclair, c'est une lumière intensive, brève, sinueuse et ramifiée, produite par la foudre. Il est présenté dans la tradition héraldique comme un vecteur de communication symbolisant la diffusion de la connaissance emmagasinée puis irradiée par l'étoile.
Spécialité aéronautique.
Sur le corps de la bombe de la grenade est placé un vol articulé attaché à une étoile. Ces ailes sont communes à toutes les armées françaises (ALAT, aéronavale et armée de l’air) et identifient immédiatement le milieu dans lequel évoluent les spécialistes.
Cursus montagne et spécialité montagne
Cette spécialité est la seule à bénéficier de trois insignes :
- le certificat élémentaire montagne ;
- le dîplome technique montagne ;
- le brevet technique montagne.
Le premier niveau concerne la totalité des personnels, et les deuxième et troisième niveaux permettent l'entrée dans le cadre de gestion des spécialitées. C'est pour cette raison que le graphisme des massifs est différent. Les symboles choisis sont évocateurs : reliefs de haute montagne, corde, piolet et grenade d’argent identifient la gendarmerie et ses missions
Avers du plateaux des insignes du corps de soutien technique et administratif de la gendarmerie nationale.
Afin de créer une identité propre à ce corps, partie intégrante de la gendarmerie, il a été convenu de placer une couronne civique composée de feuilles d'acanthes (elles évoquent l'élévation par le savoir et la réflexion) associée au même sautoir et à la même grenade que les sous-officiers de gendarmerie. Sur la bombe, il figure un attribut spécifique au CSTAGN la roue d'engrenage qui évoque le matériel et le foudre d'état-major. Sous ces deux symboles sont rassemblés les deux dominantes d'action du CSTAGN
BS /B1 CSTGN
Revers des plateaux.
Le revers des plateaux comporte deux anneaux permettant le passage d’une barrette à pompe ou d'une épinglette et un cartouche pour y inscrire le numéro d’homologation dans la série des insignes de brevets et spécialité (GNS).
[2] la Prévôté de l'Hôtel du Roi est une juridiction exercée par un Officier d'Épée qui cumule les titres de Prévôt de l'Hôtel du Roi et de Grand‑prévôt de France. Cet Officier est chargé de la sécurité, de la police et de la subsistance de la Cour. Le Prévôt de l'Hôtel du Roi a connaissance de tous les crimes et délits commis à la suite de la Cour et dans les maisons royales ainsi que de toutes les causes personnelles et criminelles des officiers de la Maison du Roi dans l'exercice de leurs charges.
R FILMOTTE 06-2008